<Index>

LES EGLISES

 

L'EGLISE ANCIENNE

 L'année 1794 fut une année de grands troubles à Erbray. Elle fut marquée tout particulièrement par l'incendie partiel de l'église et la destruction totale du clocher.

 Le culte rétabli et le calme revenu il fallut penser aux réparations. C'est ainsi que dès le 17 novembre 1803 on envisagea certaines restaurations. (Voir annexe XVI)

 Plus tard en 1810, ainsi qu'en fait foi un document du 16 décembre, la reconstruction du clocher est mise à l'ordre du jour (Annexe XVII)

Le 7 septembre 1812 on fait l'inventaire des meubles, effets et objets cultuels en confiant leur sauvegarde et entretien aux bons soins de la fabrique dont les membres du Conseil nous seront connus par des archives datant de février 1817 et qui mentionnent les noms:

- Le curé      GRESLE

- Le Maire    COLIN de la BIOCHAYE

- Jean RABOUESNEL

- Julien VOITON

- François RABOUESNEL

- Yves GUYOT

C'est dans cette même année 1817 qu'on reparle de la reconstruction du clocher toujours en projet et dans sa réunion du 27 juillet le Conseil Municipal en vient au financement qu'il présente comme suit :

- à la charge de la fabrique       1.300 Frs

- à la charge de la commune       500 Frs auxquels s'ajoutera le produit de la vente d'arbres telle qu'elle était déjà mentionnée dans une délibération du 16 décembre 1810.

 Il faut signaler, que depuis la restauration du culte, le traitement du curé est assuré par l'Etat, c'est ainsi que les archives nous apprennent qu'en 1823 le curé de l'époque Monsieur LOIRAT touchait 187,50 Frs par trimestre.

 Le 21 mars 1826, le préfet avise le Maire que Mgr l'Evêque a procédé à l'érection d'un vicariat à Erbray et qu'en vertu des articles 37 et 39 du décret du 30 octobre 1809, la commune doit participer à son traitement.

 

LA NOUVELLE EGLISE

 Vers 1847-1848, alors qu'on envisage la consolidation de l'ancienne église ruinée par la révolution, les travaux à engager apparaissent si importants qu'on est amené à étudier la construction d'un nouvel édifice, d'autant que l'ancienne église, nous est décrite par l'abbé COTTEUX comme une construction de murs grossiers, sans élégance architecturale et dont l'intérieur était à peine décent, même pour des habitudes simples et rustiques; ce qui n'empêchait pas les bonnes âmes d'y prier avec humilité et confiance.

 A cet effet, plan et devis sont demandés à un architecte de Nantes, Monsieur LIBERGE qui le 10 novembre 1850 les présente à l'examen du Conseil Municipal. Les documents produits ont la faveur des édiles, mais devant le montant du devis 32 680,48 Frs, ils proposent des aménagements notamment en ce qui concerne la hauteur des murs d'enceinte et néanmoins ils s'engagent de suite à apporter 10 000 Frs dont une partie 2 000 Frs proviendra de la vente de bois de construction obtenu à partir des chesnaies de la Franchetière et de la Goislardière; 4 000 Frs en espèces seront versés à mi-travaux et le solde 4 000 Frs à la finition.

 Mais on voit bien ainsi qu'on est loin du compte. Il faudra beaucoup de délibérations concernant en particulier la nature et le coût des matériaux et pas moins d'une trentaine de courriers seront échangés entre les parties avec recours auprès de l'Evêque, du Préfet et du Sous-préfet de telle sorte que onze années s'écouleront depuis la première démarche en 1850 jusqu'au règlement des travaux en 1861.

Le 30 octobre 1853, la description de la nouvelle église est donnée au Conseil Municipal.

On l'a conçue simple, mais solide, suffisamment vaste pour les besoins de la population avec un autel central et deux autres latéraux.

Elle sera construite au milieu du cimetière, le chœur placé dans la cour de la cure. Son emprise au sol sera de 40 m de long sur 10 m de large.

La nef s'élèvera à 17 m sous voûte et sera flanquée d'un clocher dont la flèche s'élancera également à 17 m.

Cette église sera dotée de deux chapelles de 8 m de large et d'une profondeur convenable, son chœur aura une hauteur de 10 m fondations comprises.

Enfin elle devra posséder deux sacristies suffisamment spacieuses. En ce qui concerne les ouvertures, trois portes sont prévues: une porte principale à l'entrée de la nef et deux pour donner accès aux chapelles. La lumière entrera par 10 croisées de 1,33 m de large et 2,50 de hauteur.

 Mis en face de ce projet, le Conseil Municipal vote, ce jour même, la somme de 18 000 Frs à laquelle s'ajoutent 2 000 Frs en nature correspondant à du bois en provenance des chesnaies, de la Franchetière et de la Goislardière et aussi à 14 toises de pierre à prendre à la Sauvagère.

Cet engagement du Conseil Municipal est assorti de plusieurs conditions : tout d'abord que le conseil de fabrique acquiert un terrain de grandeur suffisante, d'accès proche et facile et bien clos pour y aménager un nouveau cimetière. D'autre part le Conseil Municipal plafonne le coût de la nouvelle église à 45.000 Frs avec possibilité de prendre une inscription hypothécaire sur les biens de la fabrique. Enfin la brique et le carreau nécessaires devront être pris au Tertre, commune de St-Aubin des Châteaux.

 Six mois plus tard, un document daté du 14 mai 1854 indique que l'échelonnement des travaux ne devra pas dépasser cinq ans, et l'on semble alors s'engager dans la phase active. Le Conseil de fabrique composé à l'époque de :

- Grégoire ETIENVRE Desservant

- Julien FERRON   Président

- Jean MENARD    Secrétaire

- René GAZIL        Trésorier

- Aimé GARY         Membre

Le Conseil organise une souscription nominative à laquelle 69 familles participeront. Un engagement écrit a été requis de leur part, mais comme la plupart des responsables de ces familles ne savent pas écrire, c'est Jean MENARD, rédacteur des listes qui avec l'accord de ses collègues se porte caution envers l'administration.

Le montant de la souscription s'élèvera à 2 395 Frs. On peut consulter les listes des souscripteurs aux archives départementales.

 Le 11 février 1855, le Conseil Municipal demande l'autorisation de vendre la lande du rocher et de procéder à l'abattage d'arbres.

Après de nombreuses navettes entre le Conseil Municipal, le Conseil de fabrique, la Préfecture, l'Evêché, la Sous-préfecture, le dossier de la construction de l'église est au point et il est accepté par le Préfet le 12 juillet 1856.

Le Maire tardant à mettre les travaux en adjudication, le Préfet sur la demande de l'Evêché intervient auprès de lui pour qu'il ne diffère pas plus longtemps cette adjudication.

Elle a lieu le 8 octobre 1856 et l'adjudicaire est Monsieur RABET entrepreneur de maçonnerie de St-Julien de Vouvantes qui fournit comme caution une hypothèque sur ses biens. (Ceci contredit ce qui est rapporté page 11 dans l'histoire d'Erbray de 1880 à 1980)

 Le 3 mai 1857, cet entrepreneur ayant déclaré la pierre de Villeneuve impropre à la construction, l'architecte Monsieur LlBERGE informe le Conseil Municipal qu'il propose de la remplacer par du tuffeau. Ce qui provoque le refus du Conseil Municipal qui s'étonne de ce revirement alors que l'entrepreneur a bien examiné un échantillon de la pierre de Villeneuve et qu'il a établi son devis en conséquence, il demande donc l'exécution des travaux conformément à ce devis.

La-dessus, le 14 mai suivant, le Conseil Municipal prend connaissance du rapport de Mr MORIN ingénieur des Ponts-et-Chaussées à Chateaubriant qui en tant qu'expert confirme que la pierre de Villeneuve est impropre à la construction.

Dans sa réunion du 28 juin le Conseil Municipal propose alors de prendre la pierre à la carrière de Juigné pas plus distante d'Erbray que celle de Villeneuve, mais comme elle est plus chère le Conseil Municipal invite courtoisement la fabrique et les habitants à fournir le complément pour assurer une dépense supplémentaire de 2.000 Frs.

 Tous ces incidents entraînent une surveillance plus scrupuleuse des travaux. On exige l'enlèvement des pierres de Villeneuve déjà employées, les pierres de taille des contreforts doivent être plus longues, on soupçonne le mortier utilisé trop faible en chaux, etc... .

 Dans une lettre du 22 juillet adressée par Mr LlBERGE au Conseil Municipal, il est indiqué que l'emploi de la pierre de Juigné va entraîner une dépense supplémentaire de 8.500 Frs. La commune accepte d'en prendre les deux cinquièmes à sa charge, laissant le reste à la charge du Conseil de fabrique.

Le Conseil de fabrique qui a mandat de l'Evêque pour décider, se réunit le 24 juillet en la présence du curé Grégoire ETIENVRE et de trois de ses membres: Jean MENARD, Aimé GARY, René GAZIL. En effet le Maire Mr GOBBE est absent, Mr LENEIL est démissionnaire et Mr FERRON est malade.

Le secrétaire expose les faits tels que les relate un double courrier émanant de l'architecte et du Sous-préfet et qui fait état de la substitution de la pierre de Juigné à celle de Villeneuve ce qui entraîne une dépense supplémentaire de 8 500 Frs dont la commune ne veut régler que les deux cinquièmes. II s'agit donc de décider si la fabrique peut s'engager à régler les 5 100 Frs restants, d'autant qu'un différend existe d'une part entre l'architecte qui maintient son idée de tuffeau et le Maire qui préconise la pierre de Juigné.

On est ainsi amené à étudier la question de plus près et à rappeler les discussions en cours au sujet de cette pierre de discorde.

 Pour le Maire la pierre de Juigné dont il admet l'aspect un peu triste avec ses traces brunes ou noirâtres est cependant d'excellente qualité et il met en doute la solidité du tuffeau. Il cite les églises de St-Sulpice et du Petit­Auverné et aussi le château de Chateaubriant, où l'on peut constater les dégradations infligées à cette pierre par les intempéries.

L'architecte lui oppose que dans le cas de St-Sulpice la mauvaise qualité de la pierre de construction employée, fragile et surtout trop mince, en s'écrasant a soumis le tuffeau à de trop fortes pressions. Cet inconvénient n'existe pas à Erbray, la pierre brute est très épaisse et très dure. Quand aux tuffeaux du château, il fait remarquer qu'ils ont plusieurs siècles d'existence.

 On connaît aussi l'opinion du Sous-préfet par sa missive du 11 juillet, il semble pencher pour l'emploi de la pierre de Juigné lui trouvant un caractère plus monumental et plus religieux, il est surtout animé par un souci de conciliation et il se garde bien d'attaquer la solidité du tuffeau en citant les beaux monuments de Nantes et de maintes autres villes de France qui ont fait un emploi heureux de cette pierre. Il termine en faisant courtoisement remarquer au Maire, que tous les deux, ils manquent peut-être de compétence en l'affaire.

 Ce qui apparaît au Conseil de fabrique c'est que ni l'Evêque, ni le Sous-préfet ne sont vraiment opposés au tuffeau; et d'autre part Mr LIBERGE ainsi que d'autres architectes consultés disent grand bien du tuffeau et que si par hasard quelques blocs devenaient défectueux il serait très facile de les remplacer. Pourquoi ne pas les croire ? Les plus belles parties des églises de St-Julien de Vouvantes et de Freigné ne sont-elles pas en tuffeau.

De plus, Mr LIBERGE dans sa lettre du 22 courant signale qu'il a appris auprès des propriétaires de la carrière de Juigné que la fourniture de pierres de taille demande des ouvriers qualifiés assez difficiles à trouver dans les environs. Il estime qu'il faudra plus d'une année pour avoir ces matériaux et que d'autre part l'entrepreneur demande deux à trois ans pour réaliser la construction si l'on utilise la pierre de Juigné.

Il faut aussi tenir compte de l'argent. L'emploi du tuffeau permet d'économiser 5.100 Frs c'est toujours autant. Comme responsables devant les autorités supérieures les Conseillers de fabrique répugnent à engager des frais supplémentaires d'autant plus que les 4.760,84 Frs alloués à la fabrique par la commune à la demande de l'Evêque et du Préfet en date du 26 février 1856 risquent d'être vite dépensés.

En effet Mr LIBERGE demande pour les sculptures et l'escalier non portés au devis 2.000 Frs. Il va falloir extraire de la terre de l'intérieur et à l'extérieur de l'église coût 1.200 Frs. Le mur du nouveau cimetière dont on s'est chargé 1.200 Frs. Le remplacement des bancs 1 500 Frs. La nouvelle sainte table 500 Frs. Il faudra aussi acheter des ornements et des habits liturgiques. Cette situation qui concerne la fabrique est connue de Mgr l'Evêque qui a écrit le 20 courant: "Je ne pense pas que votre Conseil de fabrique puisse accepter la proposition que lui fait le Conseil Municipal de prendre à sa charge les trois cinquièmes de la dépense que nécessite l'emploi de la pierre de Juigné. Il me semble que votre fabrique est dans l'impossibilité de faire face à cette nouvelle dépense, après les charges qu'elle doit supporter dans la suite pour l'ornementation de votre église neuve.

Je ne vois pas d'ailleurs pourquoi l'on rejette la pierre de tuffeau proposée par l'architecte, quand il est constant qu'elle est employée dans la construction de nos plus belle églises, à Notre-Dame de Bon port, St-Clément.

La pierre de Juigné produit peut-être un plus bel effet, mais le chiffre de la dépense déjà considérable est très notablement augmenté et puis la taille de cette pierre demande beaucoup plus de temps que la taille de tuffeau.

Pour tous ces motifs que vous appréciez, Monsieur le curé, je suis d'avis que votre Conseil de fabrique prenne une délibération à l'effet de répondre en termes très convenables, mais négatifs, à la proposition du Conseil Municipal. "

 ALEXANDRE Evêque de Nantes

 En conclusion les membres présents à la réunion rédigent le texte suivant à l'adresse du Conseil Municipal : "Les soussignés membres du Conseil de fabrique partagent l'avis de Mgr l'Evêque. Ils ne peuvent consentir à cette nouvelle dépense, mais en refusant le vote des trois cinquièmes, ils sont véritablement peinés d'être en dissidence avec leurs confrères du Conseil Municipal. Ils sont persuadés que si les honorables membres du Conseil Municipal étaient à leur place, ils agiraient comme ils agissent eux-mêmes.

Fait à Erbray, les mêmes jour, mois et an que devant.

Le Desservant Grégoire ETlENVRE, Jean MENARD, René GAZIL, Aimé GARY.

 Une intervention écrite du Sous-préfet met tout le monde d'accord. C'est ce qui ressort de l'extrait de délibération du Conseil Municipal en date du 9 août 1857. Voici ce qu'on y lit: "Monsieur le Maire donne lecture de la lettre de Mr le Sous-préfet sur la demande qui lui est adressée de décider quelle pierre doit remplacer celle de Villeneuve reconnue de mauvaise qualité, bien que prévue au devis.

Arrête: Que considérant l'offre bienveillante de Mr le curé de donner 2.000 Frs dans le cas où le tuffeau est employé, animé en outre du désir de lever les difficultés qui arrêtent les travaux de l'église, le Conseil Municipal consent à ce que l'entrepreneur remplace la pierre de Villeneuve par le tuffeau; mais considérant aussi que le tuffeau coûte moins cher que la pierre prévue dans le devis, entend que cette différence annulée, les 2.000 Frs donnés par Mr le curé viennent en diminution sur la subvention accordée par la commune pour la construction de l'église et que cette différence soit employée à aider ladite commune dans les sacrifices qu'elle se propose pour la construction d'une école.

Par ces motifs et sur le refus de la fabrique à venir en aide à tous les changements réclamés par l'architecte, le Conseil Municipal décide que le vote de deux mille francs du vingt huit juin soit considéré comme nul.

Clos et arrêté en séance à Erbray lesdits jour, mois et an que devant et les membres présents ont signé après lecture faite.

POUPLIN, RABOISNEL, ALLOT, AUGEARD, ROUL, DENIS, VIGNAL, BARBIER, LEBOSSE, GARY.

Pour copie conforme à Erbray le 9 août 1857 GOBBE

 Cependant un petit désaccord se produit le 7 février 1858, l'expert de la fabrique estime qu'il existe un déficit de 300 Frs par rapport à la somme que devait fournir en bois la commune ce que le Conseil Municipal conteste.

 En 1860 les relations deviennent meilleures car on lit dans une délibération du Conseil Municipal en date du 13 mai: "Un bel autel de marbre a été offert pour la nouvelle église, mais des travaux sont nécessaires pour le recevoir, la fabrique n'a plus de fonds, le Conseil Municipal accepte une dépense de 211,90 Frs à cet effet.

 Enfin le 10 mars 1861, l'église étant terminée le Conseil Municipal vote le solde dû à l'entrepreneur Mr RABET pour sa construction.

Lors de la même réunion le Maire donne lecture d'une lettre de Mr le Sous­préfet datée du 1er février 1861 indiquant que Mr le préfet a déjà réglé le gros des travaux. La dépense s'élève à 53.774,04 Frs. On a bénéficié d'un rabais de 0,25 %, ce qui amène la dépense réelle à 53.640 Frs.

La dessus, les honoraires de l'architecte ont été calculés à 5 % et s'élèvent à 2.682 Frs. Monsieur le Préfet autorise donc la main-levée d'hypothèque prise par la commune sur les meubles de Mr RABET comme caution.

C'est donc l'abbé ETIENVRE qui inaugurera la nouvelle église. Les Desservants qui l'ont précédé, et qui se sont succédés depuis la révolution, sont : semi clandestinement en 1800 l'abbé MARTIN (Cotteux), en 1803 DURONSSEUR, ensuite GRESLE, LOIRAT et SORIN.

En marge de l'histoire de la construction de l'église s'inscrit une affaire de bancs qui débute le 6 janvier 1861, tel que cela nous est relaté dans un extrait du registre des délibérations du Conseil de fabrique d'Erbray "Un des membres du Conseil de fabrique propose au dit Conseil, d'accorder gratuitement et à perpétuité douze places de bancs dans l'église au Conseil Municipal et une chaise à Mr le Maire.

Le Conseil de fabrique considérant la générosité du Conseil Municipal, lequel a vôté à différentes reprises, un total d'environ trente mille francs, pour la construction, l'embellissement, l'ornement de l'église, pour l'achat d'une cloche, pour la clôture du cimetière, considérant qu'un acte de reconnaissance de la part de la fabrique, lui attirera probablement de nouveaux bienfaits de la municipalité, considérant que Mgr l'Evêque et S; Exc. le Ministre des Cultes qui ne se croient pas autorisés à accorder ouvertement consentent pourtant à fermer les yeux, ce qui est fort significatif dans la circonstance présente. ,

Le Conseil de fabrique accorde à perpétuité à Mr le Maire une chaise qu'il pourra marquer de son nom et de plus au Conseil Municipal douze places de bancs, ou mieux deux bancs du côté de l'orient, vis à vis la chaire.

Mrs les Municipaux feront ces bancs à leurs frais suivant la forme et l'élégance qu'ils voudront. Toutefois, pour conserver la régularité, ces bancs devront avoir la hauteur et la profondeur du banc d'œuvre actuel. Quand à la longueur, elle sera la longueur des bancs futurs de six places, savoir trente cinq centimètres de plus que les grands bancs actuels du côté de la chaire.

Espérons que plus tard cette affaire sera régularisée d'une manière encore plus complète. En attendant cette formalité, les membres du Conseil s'engagent autant qu'ils peuvent, pour eux et leurs successeurs, sur l'honneur à respecter cette oeuvre de reconnaissance.

 Les membres du Conseil Municipal ont promis verbalement d'ajouter aux 2.325 Frs qu'ils doivent pour l'église, les rentes perçues à raison des 4.000 Frs du Gouvernement et ainsi, la fabrique aurait autant de moins à réserver, pour finir le paiement du devis; elle s'engage alors à réunir tous ses fonds pour les joindre aux 2.000 Frs vôtés par la commune pour une cloche; si la fabrique pouvait fournir 600 Frs ce serait 300 livres de plus pour la cloche. Le Conseil de fabrique acquiescerait volontiers aux vœux légitimes exprimés par le conseil de la commune. Nous aurions alors une cloche pesant 1.800 livres, ce qui serait plus que passable."

 En mai 1879, éclate un différend au sujet de ces bancs "de la reconnaissance" lorsque le curé du moment décide de les rétrograder d'un rang en faveur d'un nouveau banc, aussi le Conseil Municipal dans sa délibération exprime par l'un de ses membres son vif mécontentement. Lisez; "Un des membres du Conseil Municipal demande à Monsieur le Maire de bien vouloir lui fournir les explications sur le motif qui a pu déterminer Mr le curé à annuler de fait la délibération du Conseil de fabrique du 6 janvier 1861, délibération qui accordait au Conseil Municipal, en reconnaissance d'une somme d'environ 30.000 Frs accordée par la commune pour la construction et l'embellissement de l'église, deux bancs d'honneur dans l'église, côté orient, en tête des autres bancs, tandis que Monsieur le curé actuel a placé devant ces deux bancs un Le 3 février 1867, lors de la réunion du Conseil Municipal, le Maire, Mr GOBBE déplore que le nouveau cimetière, à la suite des dépôts de terre effectués sans ordre ne présente que buttes et fossés.

Il déclare urgent de niveler, de supprimer la végétation parasitaire de semer du gazon.

Il préconise d'autre part l'aménagement d'un digne environnement à l'aide d'arbres de valeur comme cèdres du Liban, tilleuls, marronniers ou mélèzes. II indique, qu'il a pris conseil près d'un pépiniériste qui lui assure que l'achat d'une centaine d'arbres plantés par les ouvriers disponibles en cette saison, reviendrait à 310 Frs. Le Conseil donne son approbation et sollicite près du Préfet l'autorisation de prélever cette somme dans la caisse communale.

Enfin le 12 mai de la même année, le Conseil Municipal adopte la réglementation concernant les concessions dans le cimetière.

 

LE PRESBYTERE

 En 1818, le presbytère ayant été incendié lors des troubles de la Révolution de 1789, le desservant ne dispose plus depuis lors, que d'une cuisine et d'une chambre.

C'est pourquoi le 15 mars de cette même année 1818 le Conseil Municipal consacre sa réunion à l'étude d'un financement permettant la construction d'un nouveau presbytère.

Mais les moyens de la commune ont été épuisés par la reconstruction du clocher, aussi est-il décidé de recourir à des moyens extraordinaires en l'occurence l'abattage et la vente de 50 pieds d'arbres pour lesquels une autorisation est sollicitée près du préfet par l'intermédiaire du Sous-Préfet à la date du 2 avril 1818 et pour un montant de 1.422 Frs.

 Trente deux ans après, la municipalité intervient de nouveau le 6 août 1850 pour un montant de travaux de 1.389,76 Frs destinés à rénover le presbytère à l'occasion de l'arrivée d'un nouveau curé et de la visite de l'Evêque prévue pour 1851.

Finalement en 1901, ce presbytère sera démoli pour faire place à l'édifice actuel devenu par la suite résidence du docteur. (Voir Erbray 1880 - 1980 p. 12)

 

LA POSTE

 Le 25 décembre 1835 le Conseil Municipal s'est réuni pour traiter du service postal rural. Il demande à l'administration des postes de recueillir et de faire transporter le courrier tous les jours au lieu de tous les deux jours.

 La proposition de l'installation d'un bureau de poste à Erbray est refusé par le Conseil Municipal le 31 janvier 1875.

Ce n'est que le 28 février 1881, au cours de la réunion du Conseil que Monsieur de PONTBRIAND intervient en faveur de l'installation à Erbray d'un receveur appelé alors facteur-boîtier.

(Pour la suite voir Erbray 1880 - 1980)

 

LE BUREAU DE BIENFAISANCE

 Lors de la réunion du Conseil Municipal du 12 mai 1861, le Maire donne lecture de deux lettres datées des 12 et 23 avril précédents, émanant de Mr ROUL natif d'Erbray et devenu riche propriétaire à Bordeaux.

Se souvenant de ses origines, celui-ci propose à la commune une rente annuelle perpétuelle de 1 200 Frs au taux de 4,50 % sur l'Etat destinée à subvenir aux salaires de deux professeurs si toutefois la commune acceptait de faire construire une école chrétienne admettant gratuitement tous les enfants.

Le Conseil Municipal ayant à faire face à des urgences entraînant de lourdes charges ne peut que décliner l'offre, tout en remerçiant vivement Mr Roul. A la suite de ce refus, Mr ROUL adresse un nouveau courrier à la municipalité le 8 novembre 1861 (V. annexe XXIV) dans lequel il renouvelle son offre, cette fois-ci au profit des pauvres. Le montant restant le même, 600 Frs sont destinés aux six familles les plus démunies d'Erbray et 600 Frs à douze autres familles en fonction de leurs besoins.

Cette fois-ci, le Conseil Municipal après en avoir délibéré remercie Mr ROUL et accepte sa proposition.

C'est à la suite de legs et dons analogues à celui dont nous venons de parler que le Bureau de bienfaisance d'Erbray fut créé. Mais il a fallu attendre le 29 avril 1867 pour avoir les noms des personnes nommées par le Préfet comme membres de ce bureau de bienfaisance.

Ce sont :

- Grégoire ETIENVRE, desservant,

- Louis LENEIL

- Jean-Marie POUPELIN

- Jean-Marie LENEIL

- Martin GAUTIER

Ils seront installés le 12 mai suivant et dès le 6 octobre 1867, dans une réunion commune avec le Conseil Municipal ils accepteront le legs HOUDEMON en faveur des pauvres du canton.

Lors du renouvellement du bureau le 22 décembre 1871, les membres en fonction sont de nouveau mandatés, par contre en 1878 apparaissent deux nouveaux membres dans la personne du curé Mr DURAND-GASSELIN et de Mr FENEUX.

 

LA POPULATION

 En 1789, la population erbréenne aspire à un profond changement. C'est ce que révèlent les cahiers de doléances rédigés par le notaire de la commune et signés seulement par une quarantaine de personnes, le reste des adultes étant analphabète.

Les premières mesures révolutionnaires bien qu'imparfaitement comprises sont favorablement accueillies.

Mais la constitution civile du clergé faisant obligation aux prêtres de faire serment à la nation indispose sérieusement les gens d'Erbray comme d'ailleurs ceux des paroisses d'alentour.

L'arrivée d'un curé constitutionnel en remplacement d'un clergé régulier qui leur donne toute satisfaction n'arrange rien et le malaise prend une grande ampleur au moment de la conscription.

Une situation très tendue, entre royalistes et républicains, va dégénérer en affrontement meurtrier, surtout au cours de l'année 1794. Par la suite, la tension s'atténuera sans que néanmoins un mauvais climat ne continu de subsister jusqu'en 1799 - 1800.

Pendant les quatre années de grands troubles, qui vont de 1791 à 1795, la population d'Erbray passera de 1703 habitants à 1445, subissant donc une baisse de 258 âmes, ceci dû vraisemblablement à une diminution du nombre des naissances.

Durant cette période instable, les fonctionnaires de la République et ses partisans appelés patriotes ne se sentant pas en sécurité à leur domicile habituel se réfugient pour la plupart à Chateaubriant.

D'autre part, les opposants au régime dits réfractaires ont également quitté leur habitation pour les forêts environnantes où ils se trouvent relativement à l'abri des poursuites de l'armée et des forces locales.

A Erbray les extrémistes, d'un bord ou de l'autre sont une minorité, l'ensemble de la population plus ou moins désabusée hésite à s'engager et s'en tient à une position d'attente, de telle sorte que la nouvelle administration éprouve des difficultés à trouver des cadres.

 Après 1800, la situation s'améliore et le concordat de 1802 entraîne l'apaisement des dissensions religieuses ce qui permet en 1803 le retour dans la paroisse de l'ancien vicaire nommé desservant. Il est bien accueilli par le Conseil Municipal qui envisage de suite avec lui la restauration de l'église partiellement détruite.

 Maintenant l'ordre et le calme sont revenus, mais les guerres avec leur cortège de mort (CONNAISSE tué en Catalogne) les réquisitions de chevaux qu'elles entraînent maintiennent toujours un certain malaise.

Les laboureurs en dépit des encouragements de l'Etat pour l'élevage des chevaux préfèrent s'en tenir aux bœufs non susceptibles d'être réquisitionnés.

C'est dans cette ambiance que l'administration locale s'efforce de panser les plaies en conviant la population à des efforts de remise en état: les chemins conduisant d'Erbray à Chateaubriant et à St-Julien sont réparés, des travaux de reconstruction du clocher et du presbytère sont envisagés. Le manque de ressources freine les initiatives, mais heureusement la commune a hérité de ]a royauté de nombreuses chesnaies dont on peut user moyennant autorisation de l'administration supérieure. Il faut préciser qu'à l'époque le pouvoir du Maire est assez relatif, c'est ainsi qu'avant d'engager la moindre dépense il faut l'accord du Sous-préfet.

En 1815, la royauté est de retour et sur proposition du Sous-préfet, le préfet nomme un nouveau Maire et un nouvel adjoint.

 Bien qu'une ère de paix s'installe, la conscription subsiste mais avec un aménagement qui permet à ceux qui en ont les moyens financiers de se faire remplacer, ce qui n'est pas à la portée de tout le monde. Aussi, certains, réfractaires à la vie de caserne, désertent-ils, tels Pierre CHEVALIER et Pierre LEROY, qui seront l'objet d'une expédition punitive de la gendarmerie, mais finalement amnistiés par décision royale.

 En 1818, avec la demande de création d'un nouveau fourneau à chaux à la Rousselière, la vie locale semble démarrer et un peu plus tard, c'est une entreprise de poterie de Chateaubriant qui demande à s'installer aux Landelles.

 Les forges de Moisdon et les fours à chaux d'Erbray demandent beaucoup de bois de chauffage, seul combustible alors utilisé et dont il faut s'approvisionner en forêt Pavée ou en forêt de Juigné ce qui concourt à ]a création de nombreux emplois de bûcherons, charbonniers, voituriers etc. exercés en partie par des habitants de la commune.

 L'éventail des professions s'élargit avec l'apparition d'anciens et de nouveaux métiers comme: chaufourniers, grêleurs, carriers, maçons, charrons, couvreurs, aubergistes, tailleurs d'habits, tailleurs de pierres, marchands.

 L'activité principale reste bien sûr l'agriculture et malgré tous ces changements de régimes, ]a situation des cultivateurs s'est peu améliorée. Quelques menus changements: (voir à cet effet annexes III 1ère partie et annexes XIV, XIVbis et XIV ter-bail renouvelé quatre fois de la ferme du Bas-Pin). En plus des cultures traditionnelles du seigle et de l'avoine, on développe un peu celle du blé et surtout celle du blé noir. Avec le lin et le chanvre se crée une activité nouvelle celle de tisserand de village.

Au recensement de 1824, on constate une légère remontée de la population qui totalise 1.583 habitants.

 La mort de Louis XVIII qui intervient à cette date passe pratiquement inaperçue à Erbray, par contre le décès du Maire COLIN de la BIOCHAYE touche de plus près la population qui s'intéresse à la nomination de son successeur dans la personne de Jean ROUGE, propriétaire à la Rousselière.

 Vers 1825, certains esprits entrevoient l'importance de l'instruction pour la jeunesse et c'est une femme la première qui se fera institutrice dans la paroisse.

La quiétude de l'année 1827 est rompue par le passage à Nozay, le 18 juillet, de la duchesse de BERRY et l'on invite la population à aller la saluer. En 1828, elle est de retour dans la région où, à l'abbaye de la Meilleraye, elle est reçue en grandes pompes.

Ces différents passages de la duchesse dans le pays suggèrent à de mauvais esprits une idylle clandestine entre la de BERRY et Achille GUIBOURD, fils du Président du tribunal de Chateaubriant, qui serait l'un de ses favoris. Certains vont même jusqu'à prédire !

 Au mois de juillet 1830, Charles X abdique, LOUIS PHILLIPPE le remplace et le Conseil Municipal doit lui prêter serment.

 En 1832, on note deux faits marquants : l'enseignement devient plus structuré et Monsieur Jean MENARD et Mademoiselle Angélique GLEMAIN reçoivent des élèves dans leurs propres locaux, et d'autre part, seulement 64 votants de la commune élisent les 16 conseillers municipaux.

 En 1834, la construction d'un nouveau four à chaux est autorisée à la Rousselière.

 L'année 1836 est une année de recensement dont voici les résultats :

1.021 habitants du sexe masculin qui se répartissent en 636 garçons, 321 hommes mariés et 64 veufs. Le sexe féminin totalise 971 personnes comprenant 578 filles, 320 femmes mariées et 73 veuves.

Nous avons donc cette année-là une population totale de 1.992 habitants ce qui marque un accroissement par rapport au recensement de 1824. Cet accroissement de 409 personnes est vraisemblablement dû au développement de l'industrie de la chaux qui se poursuivra d'ailleurs par la suite, car en 1838, on signale une nouvelle construction au Drouillet.

Ce développement amenant la prospérité, il se crée un jour de foire qui a lieu le lundi précédent la mi-août.

De nouveau on recense en 1841 et le résultat affiche une légère baisse de la population, ce qui apparaît en dressant le tableau suivant:

Garçons 665, Filles 565, Hommes mariés 303,  Femmes mariées 310, Veufs 49, Veuves 69.

Sexe masculin 1.019, Sexe féminin 951, TOTAL 1970

 En fin d'année 1841, sous l'administration du Préfet CHAPER et du Maire Mr LEROY, la commune se dote d'un plan cadastral établi par les géomètres de 1ère classe: Mr BAILLY et Mrs DUPIT père et fils, qui travaillent sous la direction de Mr LAGRANGE Directeur des Contributions directes et de Mr CHALLUAU Géomètre en chef du cadastre.

A la suite de ce travail, des terrains vagues et de ce fait propriété communale apparaissent avec leurs essences arboricoles qui peuvent être facilement inventoriées et dont la vente serait une source de revenus non négligeable pour la commune.

C'est une aubaine pour le Conseil Municipal qui pense pouvoir avec l'aval des autorités administratives et forestières organiser un négoce du bois lui permettant d'obtenir l'argent si nécessaire au financement des différents travaux qu'il envisage.

Cependant la législation royale, en cours à cette époque et respectueuse des droits acquis avant la Révolution, par certains vassaux ou masuriers ayant obtenu sous l'Ancien Régime des contrats d'exploitation, va souscrire à la requête de leurs descendants, si toutefois ceux-ci sont munis de titres réguliers. Ce qui évidemment oblige la commune à procéder à la division des terrains vagues recensés par le cadastre.

Deux experts l'un de Soudan Mr ROBERT et l'autre de St-Julien Mr PORTIER sont chargés de ce travail.

 L'année 1843 est marquée par une nouvelle extension de l'industrie de la chaux. En effet Mr AUGEARD après autorisation construit un four permanent entre l'Oûtre et la Boulaie.

 

Au recensement de 1846 on apprend incidemment l'âge de Mr le curé LOIRAT 66 ans et son vicaire Mr MOREL 30 ans.

Par ailleurs voici le résultat de ce recensement :

Garçons 694, Filles 574, Hommes mariés 354, Femmes mariées 347, Veufs 49, Veuves 69.

Sexe masculin 1.097, Sexe féminin 990, TOTAL 2.087

Avec 2087 habitants recensés, il fait apparaître une augmentation de 117 habitants en 5 ans.

A la suite des troubles qui affectent la capitale au mois de février 1848, LOUIS PHILIPPE abdique, la deuxième République est proclamée et cela entraîne à Erbray de nouvelles élections municipales à l'issue desquelles les fonctions sont inversées entre Mr GOBBE qui devient Maire à la place de Mr LEROY qui devient adjoint.

Il y a aussi un changement à la tête de la paroisse: Monsieur LOIRAT cède la place à Monsieur SORIN. Ce dernier sera lui-même remplacé dès 1850 par Monsieur Grégoire ETIENVRE.

L'année 1851 ramène le recensement des habitants selon le classement habituel :

Garçons 707, Filles 580, Hommes mariés 380, Femmes mariées 385, Veufs 44, Veuves 87.

Sexe masculin 1.131, Sexe féminin 1.052, TOTAL 2.183

On arrive à un total de 2.183 âmes soit 96 de plus qu'en 1846 dans 77 hameaux abritant 482 ménages dans 487 maisons.

A la fin de cette même année 1851, les événements politiques se précipitent, l'Assemblée législative est dissoute, provoquant de nouvelles élections municipales organisées courant 1852 et qui apportent seulement de légers changements au sein du Conseil.

L'activité des fours à chaux, bien que florissante à Erbray, présente parfois des périodes de sous-emploi, notamment certains hivers, par suite d'une moindre demande ou également par suite des intempéries. Il y a donc un chômage saisonnier et cela ne va pas sans provoquer de la gêne dans certains ménages pourvus de nombreux enfants.

Le Conseil Municipal s'en émeut et sollicite près des pouvoirs publics l'autorisation d'inscrire une dépense de 1.200 Frs sur les fonds communaux afin d'assurer un salaire aux ouvriers dans le besoin. C'est ainsi qu'au cours de l'hiver 1853 on en voit occupés à casser de la pierre sur le bord des routes n° 38 et 40.

Le coup d'envoi pour la construction de la nouvelle église est donné par la fabrique qui organise au cours de l'année 1854 une souscription auprès des familles.

L'hiver 1855 est particulièrement dur pour les ouvriers indigents des fours à chaux, aussi le Conseil Municipal, renouvelle-t-il son action secourable de 1853. II fait appel, en outre, aux instances départementales pour qu'elles doublent la somme votée par la commune et qu'ainsi il soit possible de donner un travail suffisant aux ouvriers dans le besoin.

On recense à nouveau en 1856 :

Garçons 744, Filles 634, Hommes mariés 391, Femmes mariées 400, Veufs 38, Veuves 94

Sexe masculin 1.173, Sexe féminin 1128, TOTAL 2.301

La population erbréenne est toujours en augmentation, elle passe de 2083 à 2301 habitants soit un effectif supplémentaire de 218 personnes.

C'est que le gisement de calcaire d'Erbray attire de plus en plus d'entrepreneurs. Au début de 1857, Mr POCHE de Noyal demande l'autorisation de construire deux fours à la Ferronnière, ce qui lui est accordé le 24 juin.

La même année Messieurs LEROUX et DENIS qui exploitent la pierre à chaux sur le site de la Rousselière modernisent leur installation par l'adoption d'une chaudière à vapeur.

Parmi les faits divers survenus cette année 1857 on peut signaler ce qui est arrivé à Pierre COLIN de la Ridelais.

Celui-ci délaissant son exploitation pour aller mendier de la Ridelais jusqu'au Boulay s'attire l'hostilité croissante des habitants de ces villages qui finalement le firent placer sous tutelle.

La date de la foire, précédemment fixée vers la mi-août, s'avère un choix peu judicieux aux yeux des commerçants car elle correspond à une période de travaux agricoles intenses qui empêchent le monde rural d'y participer pleinement aussi s'en plaignent-ils auprès du Conseil Municipal qui accepte d'en changer la date pour la transférer au 5 mai de chaque année et ce à partir de 1861.

Pour faire face aux dépenses occasionnées par les travaux importants qu'elle entreprend ; la commune décide de vendre des communs. C'est à Me HOUGRON notaire à St-Julien, qu'elle confie la réalisation de cette vente qui concerne:

- 8 lots dans la lande de la Fayère         9ha 33a 00ca pour 11.2060 Frs

- 6 lots dans la lande de Breil               7ha 26a 00ca pour 11.120 Frs

- 16 lots dans la lande du Moulin Neuf 16ha 65a 00ca pour 21.390 Frs

TOTAL : 33ha 24a 00ca pour 43.770 Frs

 Parmi les acquéreurs nous notons les frères POIRIER, Melle de la BOTHELIERE, AUBIN, RENAUD, PORREAU, HARDOU, BESNIER, HERVE, BARTHELEMY, AUGEARD, SORTAIS, GOBBE, VIMONT.

Une location de 5ha 95a 65ca est consentie dans la Noë des Landelles.

Et précédemment le même notaire a vendu pour le compte de la commune La Lande du Rocher près la forêt de Juigné Le commun de l'Ecotay, la chênaie de la Franchetière, le pâtis des Grasses Noês près la Cantraie, pour 11.830 Frs

Courant 1861, un enfant d'Erbray, François ROUL, à qui la fortune a souri propose un don à sa commune d'origine qui l'accepte avec les vifs remerciements du Conseil Municipal. François ROUL est le second fils d'un notaire d'Erbray : Pierre ROUL qui a exercé entre 1780 et 1800, son frère cadet Gabriel a été notaire à St-Julien à partir de 1812.

 Cette année 1861 voit aussi deux événements importants: d'abord la bénédiction de la nouvelle église et un nouveau recensement qui donne les résultats suivants:

Garçons 880, Filles 711, Hommes mariés 468, Femmes mariées 450, Veufs 63, Veuves 128.

Sexe masculin 1.411, Sexe féminin 1.289, TOTAL 2.700

Ce nouveau total accuse une nouvelle augmentation de la population de 399 personnes, ce recensement nous apprend également qu'il existe 604 ménages habitant dans 589 maisons.

L'industrie de la chaux devient de plus en plus intéressante pour les entrepreneurs avisés.

C'est ainsi que Mr Alexandre Antoine DELARUE de FRANCY, ingénieur civil, demeurant à Ancenis obtient en 1862 l'autorisation de construire deux fours à chaux dans la parcelle n° 491 qu'il possède à Sainte-Marie.

De même en 1865 Mr POCHE augmente ses capacités de production par la construction d'un troisième fourneau à la Ferronnière.

Il en résulte un accroissement constant de la population ainsi qu'une augmentation du nombre d'enfants en âge de fréquenter l'école. Dès 1867, il devient impératif pour la municipalité de construire un ensemble scolaire comprenant plusieurs classes et un logement pour les instituteurs. Elle s'y emploie et malgré des difficultés semblables à celles qu'elle a connues pour la construction de l'église, elle parvient à ses fins en 1866.

En 1865, on a voté pour l'élection des conseillers municipaux et pour la première fois la campagne est animée entraînant même la démission du secrétaire de mairie.

Le recensement de 1866 confirme l'augmentation de la population :

Garçons 988, Filles 794, Hommes mariés 490, Femmes mariées  507, Veufs 61, Veuves 130.

Sexe masculin 1.539, Sexe féminin 1.431, TOTAL 2.970

On enregistre un gain de 270 habitants. On compte 672 ménages logés dans 686 maisons, on remarque qu'un effort important de construction a été apporté dans la réalisation de près de 100 maisons en cinq ans de 1861 à 1866.

Pendant la décennie 1865 - 1875, la municipalité a terminé les travaux relatifs au transfert du cimetière et mis en route, malgré de faibles ressources la construction de chemins de petite vicinalité.

Des élections municipales ont lieu courant août 1870, mais la défaite de Sedan entraînant un changement de régime, la troisième République est instaurée et le Conseil Municipal ne peut siéger car il est remplacé par une Commission Municipale nommée d'office par le Préfet le 29 septembre 1870.

Nobostant, la vie continue et les habitants de la commune considérant l'importance prise par les affaires, importance résultant du développement industriel et agricole, sollicitent l'organisation d'une deuxième foire. Le Conseil Municipal fait une démarche en ce sens près du Préfet et obtient satisfaction. Le troisième lundi de mars est retenu.

Le recensement de 1872 fait figurer en tête de listes les membres de la famille de l'instituteur Mr BERRIAU, qui se trouve être également le secrétaire de mairie.

BERRIAU Jean-Marie Instituteur 35 ans né à Légé, GAULTIER Louise sa femme 33 ans née à Erbray, BERRIAU Jean-Marie leur fils 8 ans né à St-Julien de Vouvantes (qui deviendra Colonel), BERRIAU Sidonie leur fille 7 ans née à St-Julien, BERRIAU Marie id 5 ans née à Erbray, BERRIAU Louise id 2 ans née à Erbray

En outre sont relevés :

Garçons 961, Filles 821, Hommes mariés 506, Femmes mariées 504, Veufs 64, Veuves 117.

Sexe masculin 1.531, Sexe féminin 1.442, TOTAL 2.973

On remarque une certaine stabilité de la population qui augmente seulement de trois unités.

Cette même année on recense aussi les animaux domestiques. On apprend qu'il y a sur le territoire communal

Race chevaline     251 unités       Race Ovine       215

Race bovine       2153       "        Volailles         5876

Race porcine        714       "        Pigeons              86

Race caprine        241       "         Chiens              94

 

Le recensement de 1876 confirme une stabilité avec les données suivantes :

Garçons 937, Filles 800, Hommes mariés 529,    Femmes mariées 531, Veufs 63, Veuves 116.

Sexe masculin 1.529, Sexe féminin 1.447, TOTAL 2.976

On compte alors 2.976 habitants, ce qui représente une augmentation de 1006 âmes en 35 ans.

Début novembre 1879, le Sous-préfet signale à l'attention du Conseil Municipal une circulaire du Ministre des travaux publics concernant la situation de certains ouvriers pendant la période hivernale.

Le Conseil Municipal prend acte et prie le Préfet de bien vouloir ouvrir le chantier du chemin n° 41 de Chateaubriant au Chêne au Coq afin de trouver du travail à 150 ouvriers des fours à chaux qui risquent de connaître des difficultés au cours de l'hiver.

 

Parmi les habitants d'Erbray, trois au cours de ce siècle ont été remarquables: Un dans le domaine militaire :

- le Colonel BERRIAU.

Deux dans la vie politique des régions qu'ils ont représentées.

Voici ce qu'en dit les Dictionnaires des noms de lieux (DAUZAT & ROSTAING) Arch. Départ. lM 8 2541 US AD

- ROUL François député de 1831 à 1848, né à Erbray Loire-Inférieure le 5 mars 1782, mort à Talence (Gironde) le 25 septembre 1864.

Négociant en vins, Maire de Talence, membre de la chambre de commerce de Bordeaux, Conseiller Général de la Gironde en 1833, fut successivement élu Député du 4ème collège de la Gironde, Bordeaux, le 1er octobre 1831, en remplacement de BOYER-FONFREDE, dont l'élection avait été annulée, par 74 voix sur 130 votants et 531 inscrits.

Le 21 juin 1834 avec 206 voix sur 347 votants et 495 inscrits, contre 133 voix à Monsieur Aurélien DE SEZE.

Le 4 novembre 1837 par 251 voix sur 434 votants et 645 inscrits, contre 188 à Monsieur BONNEVAL et 88 à Monsieur LAGARDE.

Monsieur ROUL fit constamment partie de la majorité dévouée aux ministres, il fut l'un des 221 Députés qui approuvèrent la politique du cabinet MOLE et vota pour la dotation du Duc de NEMOURS, pour les fortifications de Paris, pour le recensement, contre les incompatibilités, contre l'adjonction des capacités, pour l'indemnité PRITCHARD, contre la proposition sur les Députés fonctionnaires. Il rentra dans la vie privée à la révolution de 1848.

L'archiviste municipal de la mairie de Talence que nous avons interrogé en 1990 sur François ROUL, nous a fait la réponse suivante: François ROUL fut maire de Talence du 22 avril 1825 au 28 mars 1848 et député de la Gironde. Sa fille mariée au Comte LEMERCIER, sans enfant, profita de la propriété jusqu'à la fin du 19° siècle.

Son château, Monadey, appartient à l'Etat, Ministère de l'Education Nationale (CREPS) (Don ROUL) qui se perpétue à travers l'avenue François ROUL.

Véronique MARTIGNY Archiviste mairie de Talence

 - Fernand Marie René Comte DU BREIL de PONTBRIANT, né le 9 novembre 1848 à Chateaubriant Loire-Inférieure, Député de la Loire­Inférieure de 1889 à 1901, Sénateur de la Loire-Inférieure de 1901 à 1916. Après des études classiques au collège Saint-Vincent de Rennes, il obtint la licence en droit à la faculté de cette ville.

Pendant la guerre de 1870, d'abord Sous-lieutenant des mobiles d'Ille et Vilaine, il se comporte brillamment. Son bataillon est cité deux fois et il est proposé pour la croix de la Légion d'Honneur.

Propriétaire-agriculteur, il s'intéresse à la vie de sa région et aux questions locales, Conseiller Municipal, Maire d'Erbray il devient Conseiller Général en 1883, il a à peine 35 ans.

En 1889, il se présente candidat monarchiste libéral aux élection législatives. Il est élu dans la circonscription de Chateaubriant par 7.706 voix sur 16.110 votants, contre 7.623 à LA NOUE-BRILLANT, il est réélu en 1893 avec 10.719 voix sur 18.232 votants, contre 7.261 à RICORDEAU; en 1898 sans opposant par 12.223 voix sur 14.572 votants.

Dans sa circulaire électorale, le Comte du BREIL de PONTBRIAND veut un gouvernement libéral regroupant tous les Français sous le drapeau tricolore. Il siégera à la droite de la Chambre et s'opposera à toutes les mesures démocratiques, s'intéressant plus particulièrement aux questions militaires, (il demandera la diminution et la suppression partielle ou totale pour certaines catégories, les prêtres par exemple, du service militaire) ainsi qu'à l'agriculture et à l'élevage, rapportant en outre un certain nombre de mesures financières d'intérêt local.

Le 6 janvier 1901, il est élu Sénateur et sera constamment réélu. Il conservera au Luxembourg l'attitude qu'il avait adoptée au Palais-Bourbon, se signalant par sa connaissance approfondie de l'économie rurale et sa fidélité à ses opinions politiques.

Ayant fourni pendant trente années une longue et honorable carrière parlementaire, il meurt à l'âge de 68 ans, le 26 novembre 1916.

Il publia des nouvelles dans la revue Bretagne-Vendée. Une brochure sur la répression du vagabondage et d'intéressants travaux sur l'agriculture.

 

LONGEVITE

 Une étude généalogique sur cinq familles portant sur la période 1585-1900 fait apparaître pour deux d'entre elles, une durée de vie de 41 ans. Pour une autre une durée de vie de 38 ans, pour une quatrième 34 ans, et pour la cinquième 21 ans et cinq mois. (Voir graphique annexe XXV)

Alors que la chronique de l'humanité nous apprend qu'en 1913 (13 ans après la fin de la période de référence pour Erbray) l'espérance de vie pour les Français était de 43 ans six mois, pour les Italiens de 39 ans dix mois et les Espagnols de 32 ans quatre mois.

 

VOIRIE

 En 1789, le territoire paroissial n'était parcouru que par seulement deux grandes voies royales reliant Chateaubriant, d'une part à Angers par une route située au nord-est et devenue nationale n° l63 et d'autre part à Nantes par une artère aménagée à l'ouest et devenue la nationale n° 178.

 Par ailleurs existaient deux grands chemins aboutissant à la route n° l63 : l'un provenant du Grand'Auverné desservait La Forge, La Ridelais, le Bourg, la Courpéan, l'autre partant du Château de la Morivière passait par le Moulin­Neuf et le Bignon.

Le Château de la Morivière possédait en propre un ensemble de voies pavées de 4 km environ.

 Il s'était aussi établi deux liaisons fréquemment utilisées la première entre Erbray et Chateaubriant par la Croix des Joncs, La Maffrière, Beauchêne, St-James, Le Moulin-Neuf, le Bignon et le Breil, la seconde reliait Erbray à St-Julien par la Boulaie, les Garrelières et le Perray.

En dehors de ces voies de communications relativement importantes pour l'époque, un réseau assez dense de petits chemins non empierrés, boueux l'hiver, poussiéreux l'été reliait les différents villages entre eux et permettait également d'atteindre les bourgs environnants dotés eux aussi d'un réseau similaire.

 Enfin à ces chemins s'ajoutait tout un ensemble de sentiers à travers champs, bois et landes permettant des raccourcis.

Le souci constant de la part de la municipalité d'Erbray de maintenir en état le réseau de communications est révélé en 1809 par une délibération du Conseil prévoyant la réparation du pont des Forgeries près du village de la Maffrière.

De même en 1810 les autorités municipales décident le réempierrement de la route qui emprunte ce pont et qui relie Erbray à Chateaubriant à l'aide de matériaux pris aux carrières de l'Outre et du Pas du Plessis.

 La paix étant revenue en 1815, l'on s'emploie avec encore plus d'application à l'amélioration de la voirie publique en mettant à contribution les efforts de chacun.

 En 1817, le Maire propose que les habitants qui utilisent fréquemment cet axe Erbray - Chateaubriant et qui sont imposés à plus de 4 Frs, soient obligés à la corvée de remise en état et que s'ils ne s'y soumettent pas physiquement qu'ils soient astreints à payer 1 Fr pour une journée d'homme et 6 Frs pour une journée d'attelage.

Enfin en 1820, on pourra dégager 2.123 Frs et ainsi réparer convenablement le pont des Forgeries.  En 1825, c'est le pont de l'Outre qui s'effondre et qu'il faut réparer d'urgence.

 Vers 1825-1830 l'exploitation du gisement de calcaire se développe créant un besoin de routes mieux adaptées au nouveau trafic. C'est ainsi que le chemin vicinal n° 2 d'Erbray à St-Julien devient à partir de 1836 le chemin de grande communication n° 40 de St-Julien à Bain de Bretagne via Louisfert. Les dernières réquisitions de terrains nécessaires à son élargissement s'effectuent en 1866.

De même les Ponts et Chaussées s'intéressant en 1843 à la liaison Ancenis­Bain de Bretagne proposent sur Erbray deux tracés pour atteindre la route n° 163, l'un doit l'atteindre au niveau de la Touche, l'autre la rejoindre à la Franchetière. Finalement c'est le tracé de la Touche qui est adopté pour être intégré à la route n° 14, qui sera mise aux normes en 1866 puis élargie en 1886. En plus de ces deux réalisations, en 1850, les Ponts et Chaussées présentent au Conseil Municipal un projet global de chemins de grande et moyenne communication devant sillonner le territoire communal.

- Sous le n° 40 l'achèvement de St-Julien Bain de Bretagne via Louisfert

- Sous le n° 34 la liaison Fougerays-Juigné les Moutiers

- Sous le n° 51 l'axe Soulvache - St-Julien par NoyaI et Soudan

- Sous le n° 38 la route de Moisdon à Villepôt par la Touche

- Sous le n° 41 une voie de Janzé au Grand-Auverné

- Sous le n° 58 une communication entre St-Julien et Moisdon par la Jeussaie et la Roulière.

 De son côté, la commune demande sa jonction avec Juigné par le Hadet, la Bucquetière, la Rolandière et la forêt de Juigné par un chemin vicinal auquel sera attribué le n° 2. Le n° 1 désigne la jonction Erbray - Petit-Auverné via le Châtelier.

 La réalisation de cet ambitieux programme s'échelonnera de 1850 à 1880 et nécessitera beaucoup d'études, de plans, de tracés, d'enquêtes publiques. Il imposera quelquefois des expropriations.

Il y faudra aussi beaucoup d'argent que la commune se procurera en empruntant aux propriétaires les plus aisés et aussi en votant d'importants centimes additionnels.

 Les autorités communales confrontées à ces grands travaux se mettent néanmoins à l'écoute des souhaits plus modestes que certains habitants émettent pour qu'on transforme leurs chemins boueux en chemins bien empierrés. C'est ainsi que nous avons connaissance d'une pétition formulée en 1862 et qui demande le réalisation d'un chemin rural entre les Garrelières et la Roulière, par la Rousselière et la Colletière, ce sera Mr PICOT de PLEDRAN qui se chargera de la viabilisation de ce chemin.

De même les habitants du village de la Sépellière, la Feuvraie, St-James, Beauchêne demandent en 1878 la jonction des nationales 178 et 163 qui les desservirait en débutant à l'Ecotais et en se terminant à la Touche.

La Municipalité acceptera, mais la liaison Beauchêne La Touche se fera par la Croix des Joncs située sur le C.D. Erbray - la Touche afin d'utiliser l'ancien chemin.

La priorité sera toutefois accordée aux travaux de voirie intéressant :

- le chemin N° 3 de la Mogonnais

- le chemin n° 4 Trois-Chênes, Rabouesnelière, Rossignolais

- le chemin n° 5 de la Golardière

Ils se dérouleront de 1878 à 1880.

 On peut faire le bilan des améliorations apportées sur la commune, au point de vue communications de 1850 à 1880.

- 22 km de voies nationales ont été mis aux normes

- 29 km de chemins de grande communication ont été créées ainsi que:

- 5 km de chemins de moyenne communication

- 8 km de chemins de petite communication

- 5 km de chemins ruraux.

 

VOIE FERREE NANTES-CHATEAUBRIANT

 Le projet de tracé de la voie ferrée Nantes - Chateaubriant a été transmis pour la première fois le le' mars 1874 au Conseil Municipal d'Erbray qui lui ayant donné son avis favorable a émis le vœu qu'une halte soit aménagée à l'intersection de cette voie avec le chemin de grande communication n° 40.

L'implantation de cette ligne de chemin de fer sur la commune d'Erbray a concerné 59 parcelles d'une superficie totale de 9ha63a26ca appartenant à dix-neuf propriétaires et au domaine public ainsi qu'aux habitants de la Cantraie et de la Haie-Besnou.

Le tracé a été mis en enquête publique du 18 au 25 janvier 1875.

Les travaux de construction seront effectués rondement, puisque dès l'année 1877 la ligne sera mise en service. (Voir Erbray 1880 - 1980 fin du trafic)

Elle permettait de se rendre de Chateaubriant à Nantes en 2 h 30 et desservait de nombreuses localités telles que: La Cantraie, Gastines, Issé, Abbaretz, Saffré, Joué/Erdre, Nort/Erdre, Cas son, La Chapelle/Erdre, St-Joseph de Porterie, Doulon son terminus se situait à Nantes gare d'Orléans.

 

INDUSTRIES

 Poterie

Le 20 septembre 1820 Monsieur CA THELINA YS-MOSTIERE, entrepreneur de poterie à Chateaubriant sollicite l'autorisation d'exploiter un gisement de terre propre à la fabrication de pots et situé aux Landelles.

Après enquête publique du 3 au 18 décembre 1820, l'autorisation est délivrée le 6 janvier 1821.

 

Calcaire

De temps immémoriaux, le calcaire est exploité à Erbray. Dans la seconde moitié du l7° siècle, la carrière de la Ridelais ainsi qu'un gisement situé à 3 km à l'est du bourg (vraisemblablement Rousselière ou environs) alimentaient en castine toutes les forges du diocèse de Nantes.

C'est à partir de 1750 que la fabrication de la chaux prend un certain développement et pendant la révolution le 17 fructidor an II (5 septembre 1794) les administrateurs du district de Chateaubriant intiment aux officiers municipaux d'Erbray de faire en sorte qu'on puisse leur en livrer. Voici en quels termes: "Le service exige de la chaux, nous avons ordonné à la veuve FERRON d'en faire de suite une fournée.

Cette dernière nous a observé qu'il lui manquait trois à quatre charretées de bois pour compléter sa fournée et deux ouvriers pour faire cuire la chaux. Nous vous invitons en conséquence au reçu de la présente à mettre quatre métayers en réquisition pour conduire chacun une charretée de bois au fourneau qui sera désigné par la veuve FERRON."

 A l'issue des guerres napoléonniennes, la paix étant revenue, les besoins en chaux, tant dans l'agriculture que dans l'industrie, grandissent considérablement et les gisements d'Erbray attirent de plus en plus d'industriels. .

Ce sont d'abord, Messieurs COLLET, DENIS et ST-FORT originaires du

Maine et Loire, qui sont les premiers à entreprendre une exploitation à St­Julien, quasiment en limite d'Erbray, ce qui explique d'ailleurs que l'enquête publique et la demande d'autorisation concernant la construction d'un four à chaux permanent, soient affichées en Mairie d'Erbray à partir du 23 août 1817.

 Peu de temps après, Monsieur HALLIGON,de Bonchamps en Mayenne, sollicite près du Maire d'Erbray, l'autorisation de créer lui aussi un four à la Rousselière.

Après une enquête commodo incommodo, l'autorisation lui est délivrée le 18 septembre 1818.

 Une quinzaine d'années plus tard, le 22 août 1834, Monsieur ERONDELLE de Chateaubriant postule la permission d'entreprendre l'exploitation du calcaire sur une parcelle de 42a52ca, dont il est propriétaire et qui est distante de 800 m tant de la Pelouinais que de la Rousselière.

Après enquête ouverte le 31 août 1834, l'autorisation lui est accordée le 16 septembre suivant.

En 1838, il est imité par une autre personne de Chateaubriant, Claire RIV AUD qui présente une demande similaire concernant une de ses parcelles située près du Drouillet à 5 km de Chateaubriant. L'enquête a lieu le 8 avril et la permission d'exploiter donnée le Il courant.

 Une nouvelle demande faite en 1843 émane d'un propriétaire de la Boulaye, Mr AUGEARD qui se propose d'exploiter le calcaire à partir du sous-sol de sa propriété dite "La Plante" située en face des bois de la Garenne du côté gauche de la route de St-Julien.(Voir plan 1)

Dans un premier temps, l'enquête menée durant huit jours paraît insuffisante au Préfet qui rappelle au Maire la réglementation en cours. Une seconde demande est alors formulée qui aboutira à une autorisation datée du 31 octobre 1843.

Parvenue à ce stade de développement, l'industrie du calcaire nécessite de nombreux charrois, tant pour l'approvisionnement en charbon que pour l'acheminement de la chaux, ce qui cause la dégradation sérieuse du chemin vicinal n° 2 d'Erbray à St-Julien, aussi le Conseil Municipal inquiet pour ses finances, demande-t-il au cours de sa séance du 17 août 1845 que les détenteurs de fours à chaux soient assujettis à une taxe spéciale.

D'autre part, cette nouvelle industie attire une main d'œuvre importante dont il faut assurer le logement à proximité du chantier. A cette fin les frères GRETEAU déposent une demande de construction d'un corps de bâtiments, comprenant plusieurs maisons et implanté en bordure de la route n° 2 à la Rousselière sur 40 m de long et 6 m 50 de large. L'autorisation est délivrée le 20 juin 1845. Après un répit d'une dizaine d'années, l'érection de deux fourneaux supplémentaires en faveur de Mr POCHE de Noyal, sur site de la Ferronnière, (le Cormier actuel) sera autorisée à la suite d'une enquête publique qui débute le 20 avril 1857 et aboutit 45 jours plus tard le 24 juin 1857. La demande avait été faite le 20 janvier précédent.

 C'est également en 1857, que Mrs Henri DENIS et Auguste LEROUX, propriétaires de la plus ancienne société présente sur le gisement, sollicitent l'aval de la Sous-préfecture pour l'utilisation d'une chaudière à vapeur qui améliorerait les rendements de leur exploitation.

 En suite de quoi un avis d'enquête publique est inséré dans le journal de Chateaubriant du 13 avril 1857, dans les termes suivants : "Conformément à l'article 7 de l'Ordonnance Royale du 22 mai 1843, le public est prévenu qu'une enquête sera ouverte pendant dix jours, à partir du lundi 20 avril 1857, à la Mairie d'Erbray, au sujet d'une demande formée par MM Auguste LEROUX et Henri DENIS d'une chaudière à vapeur dans leur établissement, situé à la Rousselière, commune d'Erbray.

Pendant le temps de l'enquête, les plans de la machine et celui des localités seront déposés à la Mairie d'Erbray, ainsi que la demande.

En Sous-Préfecture, à Chateaubriant, le 13 avril 1857

Le Sous-Préfet ERIAU"

A l'issue de cette enquête satisfaction sera donnée aux demandeurs.

 Le négoce de la chaux, ainsi produite en quantité, est l'objet d'une sévère concurrence entre les différents industriels qui se partagent l'exploitation de l'endroit. Ceux-ci dépêchent sur les voies d'accès et parfois assez loin leurs escouades de rabatteurs chargées de diriger les rouliers de préférence vers leur établissement.

D'autre part, les propriétaires de parcelles dont le sous-sol est susceptible de renfermer du carbonate de chaux sont soumis à une très forte demande d'achat, provenant autant d'industriels déjà installés que d'autres désireux de le faire.

Le 13 mai 1860, devant l'ampleur de la circulation aux abords des différents fours, le trafic s'élevant à pas moins de 50 à 60 tombereaux par jour, le Conseil Municipal prend une nouvelle délibération demandant au Préfet de soumettre les industriels de la chaux à une taxe qui permette à la commune d'entretenir les chemins soumis à rude épreuve.

Malgré toutes ces contraintes inhérentes à toute entreprise humaine, un nouvel intéressé se manifeste pour Erbray, dans la personne de Mr DELARUE De FRANCY, ingénieur civil à Ancenis et qui présente une demande de construction concernant deux fours qu'il compte installer sur la parcelle cadastrée en section E sous le n° 491 à Ste-Marie.

L'enquête de rigueur qui se déroule du 14 juillet au 28 août 1862 aboutit au permis d'exploitation.

Cette ruée continue sur la chaux conduit à pas moins de quatre-vingts mutations de parcelles dans les dernières années précédent 1863. C'est ce que fait apparaître un extrait de la matrice cadastral certifié par l'administration et daté du 5 décembre 1863.

En voici le relevé ci-après :

 POCHE                    4ha 96a 10ca            dont revenu        69,22

DE FRANCY             1ha 93a 50ca            dont revenu        28,02

DE BOIS PEAN        3ha 18a 90ca            dont revenu        65,82

DENIS et LEROUX  13ha 70a 62 ca         dont revenu      447,23

TOTAL :                   26ha 92a 22ca                                649,36

PROPRIÉTAIRES DIVERS

 GAZIL René            1 ha 52a 50 ca          dont revenu        37,52

BUCQUET François  2ha 85a 20ca            dont revenu        41,69

GAROYE                        73a 80ca            dont revenu        14,76

GAUTIER Pierre             55a 50ca           dont revenu          3,89

BINET Joseph          2ha 87a 40ca           dont revenu         45,82

ROUGE                            59a 50ca          dont revenu          11,88

GEZEQUEL               1ha 25a 00ca           dont revenu          19,51

MAILLOT                        50a 00ca          dont revenu           6,00

LEBOSSE Jean           1ha 93a 60ca          dont revenu          23,19

DELOURMEL             8ha 70a 38ca         dont revenu          113,35

GATINEAU                      97a 00ca         dont revenu           11,64

TOTAL :                    22ha 49a 78ca                                 329,25

C'est à cette même époque que Mr POCHE l'industriel de la Ferronnière envisage de construire sur les chemins ruraux de l'Enclose, du Chatou et de la Haie une voie ferrée de 0,60 m de large permettant la circulation de wagonnets transporteurs de pierres de ses carrières à ses fourneaux.

 Après enquête publique, avis de l'agent voyer, du Maire, du Sous-préfet, le Préfet en délivre l'autorisation le 28 août 1863 en stipulant "Que cette voie de 0,60 m de large sera posée de telle façon qu'il n'y ait aucun changement de niveau, ni exhaussement, ni surabaissement, l'intérieur des rails ainsi que les côtés seront macadamisés et entretenus constamment en parfait état de viabilité.

Dans les endroits indiqué au plan (plan II) et où le chemin a une largeur suffisante le Sieur POCHE devra créer des voies d'évitement sur lesquelles il garera ses wagonnets pour laisser passage aux charrettes.

A l'intersection de sa voie ferrée avec celle des Sieurs DENIS et LEROUX les rails seront distancés de deux centimètres.

La présente autorisation est accordée à titre provisoire et essentiellement révocable sans indemnité.

 Le 18 octobre 1865, le même Mr POCHE présente une nouvelle demande aux fins d'être autorisé à construire un troisième fourneau au Cormier. Après les 45 jours d'enquête réglementaire, l'autorisation est délivrée le 22 . février 1866.

A cette date, il existe sur Erbray 13 fours qui se répartissent ainsi:

- Deux à la Pelouinais

- Trois à la Rousselière

- Deux à la.Ferronnière

- Trois au Cormier

- Deux à Ste-Marie

- Un à la Boulaie

Le transport de la chaux produite par ces fours nécessite journellement de 80 à 100 tombereaux qui circulent sur les chemins vicinaux de la commune en direction de St-Julien et d'Ancenis y produisant l'apparition d'ornières qui atteignent parfois 15 à 17 cm de profondeur.

Devant ces dégradations, répétées, les récriminations du Conseil Municipal se font de plus en plus véhémentes près d'une administration qui semble faire la sourde oreille.

Pendant ce temps, l'entreprise DENIS et LEROUX continue ses acquisitions de terrains.

En 1865 elle a augmenté sa superficie de 11ha 28a 70ca pour un revenu cadastral de 120,56 Frs.

De leur côté, en 1865 également, les établissements ST-FORT-RONDELOU, situés sur St-Julien déposent en Mairie d'Erbray une demande d'autorisation concernant l'établissement d'une voie ferrée de 1 m de large sur le chemin rural de la Ferronnière à la Pelouinais. Cette voie ferrée partirait de la Pelouinais pour rejoindre une carrière en projet (V. Plan n° 3)

Après toutes les formalités, cette autorisation est donnée par le Maire le 8 novembre 1865 et approuvée par le Préfet le 13 décembre suivant, toutefois sous les conditions et réserves suivantes :

- Cette autorisation est délivrée à titre de tolérance et sous réserve du droit des tiers.

- Cette voie ferrée devra être solidement construite et de manière à ce que les voituriers puissent la traverser facilement sans occasionner de dérangements et sans danger.

- Les rails seront placés au dessous plutôt qu'au dessus du niveau du chemin et garnis de chaque côté de matériaux durs qui en garantissent la solidité.

- Cette voie devra toujours être parfaitement entretenue ainsi que les chemins sur lesquels elle sera établie de façon qu'elle ne nuise en rien à la libre circulation des exploitants limitrophes de ces chemins.

- De plus, si à une quelconque époque, la Municipalité prescrit des mesures dans l'intérêt de la sécurité nécessitant le démontage de cette voie ferrée Monsieur ST-FORT devra s'y conformer, et en cas de refus de sa part, il Y sera procédé à ses frais."

 A son tour, le 10 novembre 1867, Mr de FRANCY qui a ses fourneaux à Ste­Marie dépose la même demande intéressant cette fois le chemin rural de l'Enclose sur lequel il compte aménager une voie ferrée au gabarit de 1 m de Ste-Marie à la carrière projetée.

Autorisation du Maire et approbation du Préfet sont délivrés respectivement aux dates des 5 et 26 juin toujours avec des réserves particulières que voici : - Cette autorisation est donnée à titre de tolérance entre l'établissement de Ste-Marie et la parcelle E n° 432, lieu de la carrière projetée, et suivant le plan annexé (Plan IV)

- De A à C et de D à E les rails seront placés sur le côté nord dudit chemin

rural de façon à laisser le côté sud libre pour la circulation publique.

- De C en D et de E en B, Mr De FRANCY sera tenu d'emprunter les voies ferrées de MM. POCHE et ST-FORT-RONDELOU avec gare d'évitement au besoin.

- Mr FRANCY sera tenu d'indemniser ces Messieurs par expertise amiable entre eux, au besoin par arbitre expert.

- La portion construite par Mr de FRANC y devra l'être dans les mêmes conditions de solidité que celles imposées précédemment aux autres demandeurs et avec les mêmes réserves.

- Il est cependant ajouté qu'en cas d'accident provoqué par cette voie ferrée Mr de FRANCY sera tenu à indemnisation."

 A propos de voies ferrées, éclate en 1880 un conflit entre deux industriels de la chaux dont les exploitations sont proches l'une de l'autre. Il s'agit de Monsieur FENEUX et de Monsieur LEROUX. Ce dernier écrit le 15 juillet au Préfet une lettre dans laquelle il critique les conditions dans lesquelles le chemin de fer de Mr POCHE beau-père de Mr FENEUX a été construit en 1864. Il juge que son trajet a utilisé un chemin trop étroit sur lequel aucune gare d'évitement n'a été créée ou dans des conditions défectueuses, ce qui interdit tout croisement.

Lorsque par suite du décès de Mr POCHE cette voie ferrée a disparu et que le chemin rural sur lequel elle avait été disposée s'est trouvé nivelé et macadamisé la circulation s'est faite sans encombre.

 Cette stuation a duré de 1866 à 1876 période pendant laquelle la veuve de Mr POCHE a affermé pour dix ans à la société des mines de Montrelais toutes ses installations.

En 1877, à la fin du bail, son gendre Mr FENEUX a remis le chemin de fer en activité et a du coup entravé sérieusement la circulation des charrettes empruntant la même voie.

Mr FENEUX prétend avoir le monopole du trafic sur ce chemin et n'hésite pas à faire reculer les attelages pour assurer la priorité du passage à ses wagonnets qu'ils soient vides ou pleins.

Mr LEROUX continue sa missive dans les termes suivants:

"Au printemps dernier ma société a eu besoin de créer une nouvelle carrière dans une parcelle contigüe au dit chemin sur toute son étendue; elle procède actuellement à des découverts d'ou une circulation de tombereaux pleins ou vides et conflit avec Mr FENEUX qui prétend imposer sa loi à nos charretiers arguant le monopole sur ce chemin.

Dans un premier temps, Monsieur le Sous-Préfet est venu sur place avec le lieutenant de gendarmerie pour rétablir l'ordre.

Mécontent Mr FENEUX fait verbaliser par le brigadier de St-Julien de Vouvantes, sans doute peu informé, contre un employé et un roulier de notre société dont le véhicule de ce dernier était bien garé sur la droite, comme l'impose la loi, laissant ainsi passage à une autre charrette mais non aux wagonnets de Monsieur FENEUX, qui, eux circulent sur le milieu.

Devant le Tribunal de simple police, il a été reconnu que l'embarras venait uniquement de la mauvaise pose de la voie de Monsieur FENEUX; mais le Juge de paix, à tort ou à raison, remet à statuer tant que Monsieur le Préfet n'aura pas décidé de quelle nature sont les droits concédés à Monsieur POCHE par l'arrêté préfectoral du 28 août 1863. Actuellement les difficultés continuent journellement entre les ouvriers de notre société et ceux de Monsieur FENEUX entraînant coups et injures.

 Signé LEROUX directeur de la société anonyme d'Erbray.

 Dans un courrier confidentiel adressé au Préfet le 17 juillet 1880 le Sous­Préfet suggère de supprimer l'autorisation accordée dix-sept ans plus tôt à Mr POCHE et de placer sur le même pied les deux industriels.

 A cela le Préfet répond:

"Je peux évidemment prendre un arrêté en m'appuyant sur l'article deux de l'arrêté du 28 août 1863, indiquant que l'autorisation a été donnée à titre provisoire; mais je ne peux vous dissimuler, monsieur le Sous-Préfet, que j'ai des doutes sur la validité de cet arrêté et sur sa légalite.

En effet, selon l'article trois, titre XI de la loi des 16 et 24 août 1790, la police des voies, places, rues d'une localité est du pouvoir du Maire et le Maire d'Erbray a seul pouvoir d'accorder ou de refuser l'autorisation d'établir une voie ferrée sur les chemins ruraux.

Il ne m'appartient donc pas de prendre un arrêté qui ne rentre pas dans mes attributions.

Toutefois, pour sortir de cet imbroglio, je vous propose de constituer une commission, dont vous assurerez la présidence, qui sera chargée de recueillir les inconvénients et avantages de l'état des choses actuel et qui fera ressortir les éléments et avis me permettant de prendre ultérieurement une décision.

En 1882, un nouveau conflit éclate entre la société ST-FORT-RONDELOU et la veuve POCHE, au sujet cette fois des limites exactes de leurs gisements respectifs situés sur les parcelles contigües E 442 et E 443 et dont les configurations de surface ont disparu.

Trois experts sont nommés qui reconstituent l'état primitif des lieux et établissent un plan de profil mètre par mètre à la limite verticale des exploitations en cours.

Par un communiqué de Monsieur LEBOSSE père, fait en 1967 aux Annales du Pays Nantais, nous connaissons quel était dans les années 1880 l'état de la production de chaux sur les différents sites d'exploitation d'Erbray et St­Julien.

- La Pelouinais                         42.000 barriques

- La Ferronnière                      80.000 barriques

- Au Delà de l'eau                      9.000 barriques

- Au Cormier et Ste-Marie       55.000 barriques

- La Fresnaie                            10.000 barriques

- La Rousselière                        20.000 barriques

TOTAL :   216.000 barriques

Monsieur LEBOSSE note également les renseignements suivants :

Chaque charrette transportait en. moyenne huit barriques et pour effectuer leur chargement au four il était normal d'attendre deux à trois jours parfois jusqu'à une semaine.

C'est ce qui explique que les rouliers apportaient avec eux ce qui était nécessaire à leur nourriture et à celle de leurs chevaux.

Ils dormaient soit dans leurs charrettes soit dans les écuries voisines.

Une discipline relative régnait parmi tous ces hommes obligés d'aligner leurs attelages le long des chemins, ce qui n'empêchait pas les plus débrouillards de passer avant leur tour, provoquant réclamations, disputes et coups.

Le désœuvrement consécutif à une attente prolongée conduisait cette population à une grande consommation de cidre et les cantines des différents établissements recevaient la visite de nombreux amateurs de bolées. Il était vendu en moyenne une barrique de cidre par jour dans chaque cantine.

Le nombre d'ouvriers employés aux fours en 1880 s'élevait à 300, ils étaient payés 1 Fr de la journée et le prix de la barrique de chaux était fixé à 4 Frs.

 

L'utilisation de la poudre comme explosif était règlementé.

Un arrêté de Préfet du 8 avril 1861 rend obligatoire l'emploi des cordons ou fusées Bickford.

En voici la teneur: Arrrêtons

Art. 1er Dans les carrières, ardoisières et minières où l'on opère le tirage à la poudre, il est expréssement prescrit d'employer exclusivement pour amorcer les coups de mine, les mèches goudronnées dites fusées Bickford.

Art.2ème Un premier bouchon d'argile exempt de quartz sera placé immédiatement au dessus de la poudre.

Art. 3ème Les contraventions seront constatées par des procès-verbaux qui seront dressés concurremment par les agents de la police municipale, les Ponts et Chaussées, des mines et des chemins vicinaux et déférés au Tribunal dans le ressort duquel la contravention aura été commise.

Art. 4ème L'arrêté du 4 septembre 1860 concernant le tirage à la poudre est abrogé.

Art. 5ème Une expédition du présent arrêté sera adressée à Monsieur l'Ingénieur en Chef des mines à Nantes. Et à MM. les Maires des communes du département chargés spécialement d'en assurer l'exécution.

 

MINE DE FER

 En 1892 une mine de fer abandonnée depuis très longtemps est remise en route entre la Feuvraie et la Sépelière sur la propriété de Monsieur Jean ERNOUL par la société des Acieries Hauts-Fourneaux et Forges de Trignac. (V. annexe XXVI et plan n° 5)

 

FIN

 

Ce livre a été édité avec le concours financier de la Municipalité d'Erbray et de la Société MEAC d'Erbray.

L'Amicale Erbréenne des retraités tient à leur manifester toute sa gratitude pour l'aide reçue.

 <SUITE>

<Index>